Les sixties reviennent en effet et à la mode, et suscitent à nouveau tout l’intérêt d’une période où un immense renouvellement a pu voir le jour. Que cela soit dans le domaine de l’art, du cinéma, des technologies, les années soixante et celles du début des années soixante-dix furent marquées par leur inventivité et audace: apparition de la Nouvelle Vague, du Pop Art , première greffe du cœur, premier homme dans l’espace, et même le lancement du projet Arpanet, l’ ancêtre d’internet.

Dans ce foisonnement d’innovations, les créations photographiques et cinématographiques de Jerry Schatzberg sont emblématiques. De fait il régnait à Londres, Paris, NewYork une formidable efferverscence créatrice dans le monde de la mode.

Des nouveaux journaux apparaissaient. La compétition et l’émulation en motivaient tous les acteurs, que cela fut les agences de mannequins avec la création de nouvelles agences comme l’une des premières créée par Eileen Ford, Ford Model Management, ou Elite Model, celle de John Casablanca, en passant par les coiffeurs avec les créateurs Frédéric et Guillaume Bérard de Mod’shair, les maquilleurs avec Serge Lutens. Les photographes Guy Bourdin, Helmut Newton, Arthur Elgort, Steve Hiett, William Klein rivalisaient de créativité .

Wall Street: 1958-814-003-325
Manhattan, New York, USA 1958

Jerry Schatzberg est arrivé un peu par hasard dans le milieu de la mode. Grâce à ses portraits et ses photos de mode, il a pu, en travaillant pour le magazine Vogue, faire partie intégrante de ce grand renouvellement. Mais là où le parcours Jerry Schatzberg est exceptionnel, c’est qu’il a pu briser ce que l’on appellerait aujourd’hui le «plafond de verre» qui sépare la photographie du cinéma et a réalisé une dizaine de longs métrages dont L’Epouvantail (Scarecrow) qui obtint le Grand Prix en 1973 au Festival de Cannes.

Les meilleurs photographes, et même William Klein qui est l’un des seuls autres photographes de mode à réaliser des films, n’ont pas atteint cette consécration. Helmut Newton se plaisait à répéter qu’il n’envisageait pas de consacrer autant de temps à la réalisation de films. Guy Bourdin n’a fait que quelques essais, comme Sarah Moon d’ailleurs, mais sans obtenir le succès d’un Grand Prix à Cannes.